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Initiative populaire "Economiser dans l'armée"
CONFÉRENCE DE
PRESSE DU MERCREDI 11 OCTOBRE 2000

Seules les paroles prononcées font foi
VOTER « OUI »,
UN CHOIX AU SERVICE DE L’EMPLOI

par Jean-Claude RENNWALD, conseiller national PS, membre du Comité directeur du syndicat FTMH, vice-président de l’Union syndicale suisse, Courrendlin (JU)

Dans les arguments qu’il utilise pour combattre l’initiative en faveur d’une redistribution des dépenses, le Conseil fédéral déclare notamment que l’acceptation de cette initiative « entraînerait la perte de milliers de places de travail », et que « les coûts sociaux subséquents seraient très élevés ». Outre le fait que le gouvernement de ce pays n’a pas fait grand-chose pour éviter le démantèlement de la place industrielle suisse, un examen attentif de la situation du secteur militaire montre que ces affirmations ne tiennent pas debout, et que la défense nationale ne constitue nullement un facteur de dynamisme pour l’économie suisse. Mieux encore : sur le plan de l’emploi, les partisans de l’initiative de redistribution des dépenses se préoccupent beaucoup plus que la hiérarchie militaire de l’avenir des travailleurs concernés. C’est dans ce contexte qu’il faut situer le soutien de l’Union syndicale suisse (USS) et de la majorité de ses fédérations – la FTMH en particulier – à l’initiative de redistribution des dépenses.

Il est possible d’étayer la thèse qui précède par quelques éléments concrets et par quelques faits très précis :

  • Si l’on tient compte non seulement des coûts effectifs, mais aussi des coûts économiques, notre pays dépense chaque année quelque 9 milliards de francs pour sa défense nationale, ce qui est colossal et ce qui représente une charge énorme pour l’économie. Les coûts militaires indirects qui sont à la charge de l’économie suisse se montent en effet à 4 milliards de francs !

  • En Europe, la Suisse a les coûts militaires par habitant les plus élevés : 970 francs par personne et par année ! De ce point de vue, les dépenses militaires sont plus élevées en Suisse qu’en France, pays pourtant doté d’une armée importante et qui dispose de la force de frappe nucléaire. En d’autres termes, la Suisse connaît une situation de surarmement qui confine au ridicule. Alors que nous avons une surcapacité militaire, de nombreux besoins économiques et sociaux ne sont pas encore satisfaits. Pensons aux secteurs de l’énergie, de l’environnement, aux techniques de recyclage, aux technologies de la communication ou encore aux transports publics d’avant-garde.

  • Le nombre de personnes occupées dans le secteur militaire est passé de 40'490 en 1990 à 21'400 en l’an 2000, soit une réduction de presque de moitié. Indépendamment de l’initiative pour une redistribution des dépenses, cela démontre que le secteur militaire n’est plus un secteur économique porteur d’avenir. Les difficultés de l’entreprise SIG dans le secteur de l’armement en apportent une preuve supplémentaire. Cette appréciation est confirmée par d’autres études, selon lesquelles, à investissement égal, il est possible de créer une fois et demie plus d’emplois dans les transports publics et la construction que dans le secteur militaire, et deux fois plus dans la santé et l’éducation.

  • Pour des motifs essentiellement idéologiques, la caste militaire et la majorité au pouvoir dans ce pays n’ont pas pris cette mutation structurelle au sérieux, n’ont pas réagi avec la rapidité nécessaire. Des hommes et des régions ont payé le prix de cette politique inconséquente et incohérente.

  • A l’inverse, l’Union européenne a investi, dans les années nonante, 1,5 milliard de francs suisses dans la reconversion du secteur militaire, ce qui a permis de mettre en place plusieurs centaines de projets offrant des solutions alternatives aux travailleurs occupés jusque-là dans l’industrie militaire.

L’initiative en faveur d’une redistribution des dépenses prévoit précisément la création d’un fonds de reconversion doté de 1 milliard de francs, destiné à encourager une politique régionale axée sur l’innovation et créatrice d’emplois d’avenir. L’initiative, on le sait, doit être réalisée en l’espace de dix ans. Ce délai et ce montant paraissent suffisants et raisonnables pour mener une politique de reconversion digne de nom. Il faut ajouter que par rapport à d’autres scénarios qui prévoient aussi des économies dans le secteur militaire, celui de l’initiative présente l’avantage de maintenir et de créer, globalement, davantage d’emplois, et cela bien sûr grâce au fonds de reconversion.

La mise en œuvre de ce processus de reconversion est d’autant plus nécessaire, qu’en raison de la chute du Mur de Berlin et de la fin de l’antagonisme entre l’Est et l’Ouest, notamment, le secteur militaire n’aura plus jamais l’importance qu’il a eue jusqu’ici. D’autres pays, en particulier ceux de l’Union européenne, l’ont compris. Il n’y a aucune raison objective que la Suisse ne le comprenne pas non plus.

La question de l’emploi occupe bien sûr une place centrale dans les réflexions syndicales relatives à l’initiative de redistribution des dépenses. Mais notre soutien à ce texte tient aussi au fait que nous voulons affecter deux tiers des montants économisés à la paix ainsi qu’au développement d’une part, et à la politique sociale d’autre part. Cela n’est pas inintéressant non plus d’un point de vue syndical, car tant la politique de développement que la politique sociale génèrent davantage d’emplois que le secteur militaire.

De ce point de vue, le menu de la votation fédérale du 26 novembre est très alléchant, puisqu’en disant 3 X OUI à trois des cinq objets soumis au vote du peuple, nous pouvons tout à la fois manifester notre volonté de faire des économies dans l’armée et d’utiliser une partie de cet argent pour offrir la retraite à la carte dès 62 ans à toutes les femmes et à tous les hommes qui vivent dans ce pays. Le même jour, bien sûr, le syndicaliste qui vous parle dira par ailleurs « non » à la loi sur le personnel de la Confédération.

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Jean-Claude Rennwald - conseiller national
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Privé : Tél. + Fax. / ++41 (0) 32 435 50 30
Professionnel : Tél./ ++41 (0) 31 350 23 62 - Fax / ++41 (0) 31 350 22 22
E-mail : rennwald@bluewin.ch - Internet : http://www.rennwald.ch
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