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Tribune

L’AVS dès 62 ans : pour combattre l’inégalité face à la mort

Par Jean-Claude Rennwald, conseiller national (PS/JU), vice-président de l’USS

Pascal Couchepin a renoncé, du moins pour l’instant, au relèvement de l’âge de la retraite à 66 ou à 67 ans. Ce recul résulte de la victoire remportée le 16 mai 2004 par le mouvement syndical et la gauche, avec le rejet massif de la 11e révision de l’AVS. Près de 70 % des citoyennes et des citoyens s’étaient alors opposés au relèvement de l’âge de la retraite des femmes et au démantèlement de l’adaptation des rentes au renchérissement et à l’évolution des salaires.

La 11e révision de l’AVS avait aussi été rejetée parce qu’elle ne prévoyait aucune possibilité de retraite anticipée digne de ce nom pour les personnes à revenu faible ou moyen, alors que dix ans auparavant, la classe dirigeante avait promis que la retraite à la carte serait introduite … avec la 11e révision de l’AVS !

La leçon n’a pas été tirée 

Si Pascal Couchepin a fait marche arrière à propos d’une élévation généralisée de l’âge de la retraite à 66 ou à 67 ans, il n’a pas tiré la leçon du rejet de la 11e révision de l’AVS sur les autres points, notamment sur la question de la retraite flexible. Ses idées de « réforme » sont synonymes d’un nouveau démantèlement social. Le radical valaisan se moque des femmes et des retraités, mais aussi de toutes celles et de tous ceux qui veulent arrêter de travailler quelques années avant l’âge ordinaire de l’AVS. Car sa rente-pont n’est pas une vraie retraite anticipée. Réservée à un « groupe cible » (chômeurs, personnes qui n’ont pas de deuxième pilier), elle ressemble plus à une collecte des œuvres de charité qu’à un projet offrant à chaque femme et à chaque homme une réelle marge de manœuvre pour choisir le moment de son départ à la retraite, en fonction de ses aspirations et de la pénibilité de son travail.

L’instauration d’une véritable retraite anticipée ne viendra donc pas du Conseil fédéral. Il ne faut pas compter non plus sur un Parlement plus conservateur que jamais, qui a refusé de donner suite à l’initiative parlementaire du socialiste valaisan Stéphane Rossini, lequel demandait qu’une retraite complète soit possible après 40 ans de cotisations à l’AVS, et ceci dès 60 ans.

Droit à une rente dès 62 ans 

En raison de ce climat politique totalement bouché, l’USS a décidé de lancer une initiative populaire « pour un âge de l’AVS flexible », pour laquelle la récolte des signatures va démarrer. L’initiative prévoit que l’assuré qui a cessé d’exercer une activité lucrative a droit à une rente de vieillesse dès 62 ans révolus, le droit inconditionnel à la rente de vieillesse naissant au plus tard à 65 ans. La loi réglera le droit à la rente des assurés qui exercent une activité lucrative partielle et fixera une franchise pour les revenus modestes provenant d’une activité lucrative.

Il appartiendra au législateur de répondre à la question de savoir si la rente des personnes qui gagnent une foie et demie le revenu maximal formateur de la rente AVS (actuellement Fr. 77'400.-), c’est-à-dire plus de Fr. 116'100.-, verront ou non leur rente réduite en cas de retraite anticipée. La majorité de la base syndicale estime qu’une telle réduction est justifiée, en raison de l’inégalité face à la mort. En d’autres termes, il faut d’abord aider celles et ceux qui ont le plus besoin d’une retraite anticipée mais qui ne peuvent en profiter à cause de la réduction de rente qu’ils subiraient aujourd’hui.

Socialement utile, financièrement acceptable

Quatre arguments au moins militent en faveur de l’initiative de l’USS :

• Il existe une énorme inégalité face à la mort, face à l’espérance de vie. La personne qui travaille durement ou dont les activités sont monotones et qui gagne peu profite aujourd’hui de sa rente AVS pendant cinq à dix ans, alors que celui qui gagne beaucoup et travaille dans une profession privilégiée touche généralement sa rente durant plusieurs décennies et reste en bonne santé. Grâce à l’initiative de l’USS, les salariés de condition modeste verront leur retraite s’allonger.

• A partir de 60 ans, il devient très difficile de trouver un emploi. La mise en œuvre de notre initiative permettra de diminuer le nombre des personnes qui sont mises à l’écart de la société.

• Les besoins sociaux ainsi que les capacités physiques ou psychiques des gens varient. C’est pourquoi, dès 62 ans, celui qui veut continuer de travailler doit pouvoir le faire, mais à partir du même âge, il faut aussi offrir aux gens la possibilité d’arrêter totalement ou partiellement de travailler.

• Contrairement aux prédictions de certains prophètes de malheur, l’AVS est en bonne santé et boucle ses comptes d’année en année avec des milliards d’excédents. La Suisse peut donc se permettre d’introduire une retraite à la carte dès 62 ans. Selon nos estimations, celle-ci ne coûterait qu’entre 720 et 980 millions de francs par année, soit seulement 0.15 % de prélèvement salarial pour le travailleur et autant pour l’employeur.

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Jean-Claude Rennwald - conseiller national
Rue de la Quère 17 - CH - 2830 Courrendlin (JU)
Privé : Tél. + Fax. / ++41 (0) 32 435 50 30
Professionnel : Tél./ ++41 (0) 31 350 23 62 - Fax / ++41 (0) 31 350 22 22
E-mail : rennwald@bluewin.ch - Internet : http://www.rennwald.ch
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