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Europe centrale et orientale : l’OSEO au service de la formation et du dialogue social

Aide à l’Est : Que faire de ce milliard ?

Alors que le 26 novembre, nous voterons sur la loi sur la coopération avec les Etats d’Europe de l’Est, base légale de la participation suisse à la lutte contre les disparités sociales et économiques en Europe, beaucoup de citoyens se demandent à quoi sera affecté le milliard que la Suisse va investir durant cinq ans dans les dix nouveaux pays de l’Union européenne (UE). Organisé par l’OSEO, l’Oeuvre suisse d’entraide ouvrière, un voyage en Roumanie, en Serbie et au Kosovo nous a permis de constater que la Suisse et les syndicats développaient déjà de riches expériences dans les domaines de la formation, du dialogue social et de la lutte contre la pauvreté.
Le mouvement syndical soutient la contribution suisse à la cohésion sociale et économique dans l’Union, et cela pour de multiples raisons :

• L’élévation du niveau de vie des pays d’Europe centrale et orientale est un gage de stabilité pour toute l’Europe

• L’augmentation du pouvoir d’achat dans ces pays est importante pour les salarié-e-s qui y vivent, mais aussi pour ceux d’Europe occidentale. Plus le niveau de vie et les conditions de travail de ces pays se rapprocheront des nôtres, moins le patronat sera tenté d’y chercher une main-d’œuvre bon marché.

• L’extension des accords bilatéraux aux nouveaux pays de l’UE a ouvert des marchés aux industries d’exportation, ce qui favorisera la croissance et l’emploi dans notre pays.

Mais les syndicats exigent que la Suisse consacre une partie de son aide à l’Est à la promotion du partenariat social, au développement des conventions collectives, à l’élévation des standards sociaux, à la formation, ce qui constituera une contribution à la lutte contre le dumping social.

Roumanie : reconvertir 20'000 métallos !

Les pays dans lesquels l’OSEO déploient une activité ne sont pas (ou pas encore) membres de l’UE. Il n’empêche que plusieurs de ses projets peuvent avoir valeur d’exemple dans les nouveaux pays de l’Union.

En Roumanie, par exemple, la ville de Hunedoara a vécu un dramatique processus de désertification industrielle. Alors que le complexe sidérurgique de la cité a occupé jusqu’à 21'000 salariés, ils ne sont plus que 2'000 à travailler dans l’usine qui appartient aujourd’hui au groupe Arcelor Mital, numéro 1 mondial de l’acier ! Le tableau est encore plus noir lorsque l’on sait que le nombre des mineurs est passé de 75'000 à 18'000, que certaines villes connaissent un taux de chômage de 80 %  et que les sans emploi touchent l’équivalent de 80 euros par mois !

Un programme de l’OSEO vise à offrir une perspective professionnelle aux chômeurs dans d’autres domaines (hôtellerie, tourisme, artisanat, commerce), par le biais de cours de cinq à six mois. En ville fonctionne un Centre d’information et de consultation. Equivalent de nos Offices régionaux de placement (ORP), il accueille 3'000 sans emploi par année. Par ce biais, 25 % des chômeurs retrouvent un emploi, ce qui est un très bon résultat, comparé aux 10 % des ORP suisses. Par souci d’honnêteté, précisons qu’en Roumanie, les chômeurs ne sont pas obligés de fréquenter un centre de consultation. L’OSEO s’active aussi à surveiller l’application des conventions collectives de travail, surtout dans la chimie et la métallurgie, et à organiser le dialogue entre partenaires sociaux.

Serbie : Odjek, le journal du dialogue social

Même si, au centre de Belgrade, ou se croit parfois à Paris ou à Milan, tant les commerces sont bien achalandés, la Serbie connaît des problèmes sociaux et économiques d’une ampleur incommensurable. Le pays souffre encore de la guerre avec les Etats de l’ex-Yougoslavie et des sanctions imposées par la communauté internationale. En raison de la vague des privatisations, le chômage frappe 30 % de la population active et 47 % des jeunes !

Ces conditions ne sont guère favorables à l’instauration d’un dialogue social, d’autant plus que les employeurs privés sont des nouveaux venus et que certains dirigeants syndicaux croient qu’ils sont encore les satellites de l’ex-Parti communiste. Malgré tout, l’OSEO a fait le pari d’appuyer les partenaires sociaux et de stimuler le dialogue par le biais de conseils, de la formation continue et de plates-formes d’échanges. A Kragujevac, ville de 150'000 habitants et 3e cité du pays située à 135 km au sud de Belgrade, ce dialogue a pris une forme originale, puisqu’il s’est instauré par le biais d’un journal, « Odjek », dans lequel s’expriment les employeurs comme les syndicats et les autorités locales. Cette expérience commence d’être porteuse, puisque des négociations – notamment salariales - entre syndicats et directions ont désormais lieu dans plusieurs entreprises, ce qui n’était pas le cas auparavant. « Cela a été possible ici parce que Kragujevac a une tradition syndicale, en particulier dans l’automobile, et parce que son université nous offre des compétences », souligne Milutin Devic, rédacteur en chef d’ « Odjek ».

Kosovo : combattre la pauvreté extrême

Au Kosovo, le programme de l’OSEO dépasse le cadre des relations de travail. Ce territoire, encore régi par la MINUK, la Mission intermédiaire des Nations Unies au Kosovo, est le moins gâté des Balkans. Le taux de chômage est de 50 %, et parmi ceux qui ont un travail, la moitié est occupée dans le secteur informel (emplois très précaires, comme vendeur de fruits dans la rue ou nettoyeur de voiture). Trois quarts d’entre eux n’ont aucune couverture sociale. La moitié de la population vit dans la pauvreté, 12 % dans la pauvreté extrême. Beaucoup survivent grâce à l’argent que leur envoient ceux qui ont émigré en Suisse ou en Allemagne. « Durant la guerre, explique Imer, ma maison a été incendiée à deux reprises par les Serbes. Sans les versements de mon frère, qui vit en Suisse, nous n’aurions jamais tenu le coup. Aujourd’hui, je fais trois métiers pour tourner. »

L’OSEO a développé un programme qui vise à améliorer le revenu des ménages les plus pauvres du monde agricole, ceux qui ont plus de quatre enfants, un salaire mensuel de moins de 30 euros et un domaine inférieur à un hectare. Une attention particulière est vouée aux femmes seules et aux minorités ethniques. Parmi les réalisations, on citera une meilleure organisation de la collecte du lait et sa commercialisation, qui intègre désormais les petits paysans, lesquels ne produisent que dix à quinze litres par jour, ainsi qu’une coopérative de producteurs de miel, qui leur garantit un accès plus facile au marché. Le succès est tel que l’on songe sérieusement à produire du miel bio, source de revenus plus substantiels.

Ces expériences ne peuvent que faire progresser le Kosovo vers son autonomie économique. Mais le chemin sera encore long, car il y a une forte animosité entre la population et la MINUK, et la question de l’indépendance n’est pas encore réglée définitivement. « Par rapport à l’année 2000, des progrès importants ont été accomplis, commente Barbara Burri Sharani, en poste à Pristina pour la DDC. Mais la situation socio-économique reste très difficile et j’espère que l’indépendance ne générera pas trop de désillusions. 

Jean-Claude Rennwald

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Jean-Claude Rennwald - conseiller national
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