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Opinion

Reconquérir le monde du travail, une priorité pour la gauche

Par Jean-Claude Rennwald, conseiller national (PS/JU), vice-président de l’USS

Faut-il mener une politique clairement orientée à gauche ou se « recentrer » ? En Suisse et en Europe, cette question agite les socialistes. Cette interrogation est importante, mais il nous paraît que la force de la gauche dépend davantage de sa capacité à construire une alliance entre les catégories populaires (ouvriers/ères, employé-e-s, vendeurs/euses, retraité-e-s, etc.) et les nouvelles classes moyennes (technicien-ne-s, ingénieur-e-s, enseignant-e-s, etc.) et à mener des batailles communes avec les syndicats. De ce point de vue, tant l’échec de Ségolène Royal que la défaite des socialistes lors des élections zurichoises ont fait apparaître un double déficit :

• En France comme à Zurich, les liens entre le PS et les syndicats sont très faibles. En France, le taux de syndicalisation est en outre le plus bas d’Europe occidentale.

• En France comme à Zurich, une partie importante des milieux populaires ne se reconnaît plus dans le PS et se laisse attirer par le Front national et l’UDC ou se réfugie dans l’abstention. En France, Ségolène Royal a partiellement conquis le vote populaire, qui avait largement échappé à Lionel Jospin en 2002. Mais si 54 % des ouvriers/ères et 51 % des employé-e-s ont voté pour la candidate socialiste, il y en a tout de même eu 46 % et 49 % qui ont accordé leurs suffrages à Nicolas Sarkozy, alors que son programme (valorisation du travail pour en augmenter la durée, licenciements facilités, cadeaux fiscaux pour les plus fortunés) va à l’encontre de leurs intérêts.

Nous avons toujours défendu l’autonomie syndicale par rapport aux partis politiques. Il n’en reste pas moins que lorsque les syndicats, le PS et toute la gauche marchent dans la même direction, les travailleurs et les travailleuses s’en portent mieux. La preuve en a été fournie par le Front populaire, en 1936, et ses conquêtes sociales comme les congés payés et la semaine de 40 heures. Le fait que les pays nordiques soient à la pointe du progrès social en constitue une autre illustration, plus actuelle. Sur le long terme, l’une des clefs de ce succès a résidé dans la puissance de la social-démocratie (même si elle connaît aussi des échecs) et des syndicats, qui ont coopéré dans de nombreux domaines. Les sociaux-démocrates du Nord de l’Europe ont réussi à bâtir une politique qui vise à concilier les intérêts des classes moyennes et ceux du monde ouvrier.

Cela passe par un traitement de fond des questions sociales que sont notamment le chômage, la protection sociale, les inégalités, etc. La sécurité, qui revient dans la bouche de tant de politicien-ne-s – doit avant tout être sociale. Si ces sujets sont par nature au centre de l’activité syndicale, ils doivent aussi être au cœur du combat de la gauche politique, tout comme une politique de l’environnement favorable à une croissance qualitative et à l’emploi ainsi que l’ouverture à l’Europe et au monde. La population est en attente de progrès sociaux, puisque sur les sept campagnes de votation qu’il a lancées ou soutenues depuis 2004, le mouvement syndical en a gagné cinq : contre la 11e révision de l’AVS, pour les mesures d’accompagnement liées à la libre circulation des personnes, contre le paquet fiscal (cadeaux aux contribuables aisés), pour l’assurance maternité et pour les allocations familiales. Ces succès ont profité aussi bien aux catégories populaires qu’aux classes moyennes.

Depuis les dernières élections fédérales, 25 sujets ont fait l’objet d’une votation sur le plan suisse. Dans 14 cas, le peuple a suivi le mot d’ordre du PSS, ce qui correspond à un « taux de réussite socialiste » de 56 %. Avec 18 succès, ce taux monte à 72 % dans le Jura, alors que la gauche n’y représente qu’un tiers de l’électorat. Contrairement à l’ensemble du pays, les Jurassiennes et les Jurassiens ont approuvé la naturalisation facilitée des jeunes étrangers, l’initiative en faveur d’un service postal pour tous et l’initiative pour une caisse maladie unique et sociale, alors qu’ils ont rejeté l’ouverture des magasins le dimanche dans les gares et les aéroports. La différence entre les résultats suisses et jurassiens n’est pas sidérale, mais elle porte sur des sujets fondamentaux pour les catégories sociales modestes et moyennes : des services publics de qualité, une sécurité sociale digne de ce nom et des conditions de travail correctes. A quoi s’ajoute, dans le cas des naturalisations, une forte tradition d’ouverture. Ces différences relèvent en partie de la situation périphérique du Jura et de son caractère industriel très marqué. Mais elles tiennent aussi au fait que dans le Jura, le PS et les autres partis de gauche (POP, Combat socialiste, Verts) entretiennent des relations étroites avec le mouvement syndical et le monde associatif (AVIVO, MPF, mouvement des sans papiers, etc.). Dans de nombreux cas, ces forces mènent des campagnes unitaires et, à une exception près (l’initiative COSA), le Parti chrétien-social indépendant (PCSI) a toujours donné le même mot d’ordre que la gauche.

Ces éléments montrent que l’unité et la priorité donnée aux conditions de travail et de vie des catégories modestes et moyennes, sont des facteurs essentiels dans la capacité de la gauche à gagner des batailles. Et si les questions sociales sont mobilisatrices à l’occasion de votations, on ne voit pas pourquoi elles ne le seraient pas lors de rendez-vous électoraux.

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Jean-Claude Rennwald - conseiller national
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